Avril ne te découvre pas d’un fil

Le temps de mars et de début d’avril aura tout retardé.

Les colonies ont plus ou moins vite démarré, certaines furent sur  6 cadres de couvain d’autres sur à peine 3. Nourrir au candi tant qu’il a fait froid a été une heureuse initiative les mortalités hivernales dans ma région près de Lyon paraissaient limitées. Un de mes stagiaires m’indiquait que ses colonies avaient consommé un pain de candi de 2,5 k entre janvier et mars et que certaines colonies ont mangé un pain de candi en 10 jours début avril, preuve que le couvain est abondant tant il faut de chaleur pour permettre les nymphoses, les abeilles surconsomment à ce moment là.

Or, le trop faible ensoleillement n’a pas permis suffisamment de sorties pour alimenter tout ce petit monde.Ceux qui n’auront pas assez nourri au candi fin mars auront des surprises. Mais le couvain en fin de compte a régressé en de nombreux endroits, la chaleur revenant les fleurs explosent les colonies ne sont pas au rendez-vous. Remake 2012 ? C’est maintenant que meurent les colonies.

Désormais on peut « siroter » pour booster les colonies. Le principe est simple à décrire mais à risque d’essaimage dans la pratique. Pour accroître de manière importante les colonies, 40 jours avant la première très grande miellée, on donne 2 à 3 fois par semaine 1/2 l de sirop durant 20 jours. La ponte de la reine s’accroît très fortement et 20 jours plus tard commencent à naître des abeilles en masse. La grande miellé pointant son nez, les nouvelles abeilles deviennent rapidement butineuses, les hausses se remplissent à tout va. Avec des races prolifiques il faut même mettre deux hausses d’un coup et enlever le premier cadre de chaque rive de la première hausse pour laisser un bon passage aux abeilles.

Malheur si la miellée tarde, la surabondance d’abeilles et un couvain pas assez important à nourrir produit des élevages de reines. A l’inverse si la miellée est arrivée en avance, les premières butineuses trop peu nombreuses auront bien travaillé, mais les réserves insuffisantes  conduisent les colonies à la famine et il faut de nouveau les nourrir. C’est une vieille méthode qui permet soit de bien remplir ses hausses soit de fabriquer des essaims artificiels, des paquets d’abeilles… selon le moment.

Maintenant la nature explose, les fleurs des fruitiers apparaissent, mais les retards feront se mélanger acacia et colza si on a suffisamment d’abeilles pour butiner.

Au rucher

C’est le moment de la première visite, et si ce n’est fait du changement des plateaux de sol pour une bonne hygiène de la ruche. Faire la visite de printemps mi-avril pour moi n’est pas courant.

Pour chaque colonie marquer sur une feuille la vitalité observée au trou de vol, puis à l’ouverture, le nombre d’inter cadre occupés, puis à la sortie des cadres, le nombre de cadres ayant encore du miel en mesurant approximativement par surface d’une main le nombre de mains de miel. Puis de même, noter le nombre de cadres ayant du couvain et pour apprécier la surface du couvain utiliser la même méthode. En sélection, le couvain ayant la forme d’une ellipse on doit utiliser une règle en métal de 50 cm qui permet de mesurer le deux diamètres de l’ellipse et de calculer ensuite la surface exacte du couvain.

Rechercher la reine si elle a survécu elle doit porter la couleur de son année de naissance, si elle ne l’est pas c’est le signe d’un remérage en fin de saison dernière. Mais avez vous des reines systématiquement marquées ?

C’est indispensable pour une bonne conduite de son rucher. Une reine née en 2012 sera un excellente pondeuses en 2013, puis en 2014 le plus souvent elle ne pondra plus que la moitié environ de sa capacité de ponte de 2013. La récolte de miel étant en proportion exacte de la puissance de reproduction de la colonie, une reine âgée est le gage d’une récolte faible, voire nulle. Mais il y a toujours des exceptions, la nature ne suit pas toujours nos schémas qui ne sont que des points de repère.

Le changement des reines tous les ans est une pratique à développer avec l’essaimage artificiel pour disposer en 2014 de ruchettes dotées d’une jeune reine testée en 2013 et qui sera réunie avec une colonie de production dotée d’une reine âgée fin mars début avril.

Pour marquer les reines entrainez-vous sur des bourdons. une fois habile, vous serez moins hésitant. Avec une pince à reine, un marqueur indélébile de type Posca pointe fine de 1,2 à 1,5  mm convient bien. Cette année la couleur est rouge.

Pour repérer les colonies aptes à produire de celles qui ne seraient pas de qualité, on peut utiliser la technique de l’équilibrage du couvain entre les colonies. Après avoir compté le nombre de cadres de couvain dans chaque colonie, répartir les cadres en enlevant un cadre de couvain fermé à une forte colonie et le mettre dans une colonie moins bien pourvue. Cette manière d’affaibli en début de saison les colonies à risque d’essaimage, du fait de leur force, permet à de bonnes reines dans de petites populations de trouver un nombre élevé de nourrice pour accroître leur ponte. Si dans le mois qui suit les colonies ayant reçues un cadre de couvain fermé ne se sont pas développées, la reine n’est pas de qualité et elle devra être changée.

Le risque majeur avec cette méthode est la diffusion des maladies du couvain si par malheur l’une des ruches prélevée en était atteinte.

Selon les régions dès maintenant ou en fin de mois commencent les essaims artificiels faits de 2 cadres de couvain fermé d’un cadre de miel, d’une reine en ponte achetée ou conservée en nucléi tout l’hiver. Ce type d’essaim se fait en prenant 2 cadres de couvain fermé dans une ou deux ruches avec leurs abeilles dessus, on y secoue un ou deux cadres d’abeilles sur cadre de couvain en provenance des mêmes colonies ou d’autres. Pour éviter les bagarres on parfume les abeilles d ‘une pulvérisation d’eau parfumée (par exemple 1 ampoule d’eucalyptus pour inhalations dans 1l d’eau ou du sirop de menthe ou du pastis sans alcool…), puis on met un cadre bâti et une nuit en cave. Le lendemain on installe la colonie dans le rucher puis entre les deux cadres de  couvain on met la reine dans une cage d’introduction avec du candi et l’accès au candi fermé, deux jours plus tard on ouvre l’accès au candi, en 24h tout au plus les abeilles auront mangé le candi et libéré la reine. On surveillera sa reprise de ponte dans la semaine suivante.

On fait de même si on utilise un paquet d’abeilles que l’on a confectionné soi-même ou que l’on a acheté, ces paquets font 1,5 k au minimum, on met la reine encagée immédiatement entre des cires bâties, sans couvain, on y ajoute une cire à bâtir, un cadre nourrisseur et 1/2l de sirop 50/50. Cet essaim est mis en cave une nuit, puis sera placé le lendemain soir à la tombée du jour en rucher, et l’accès au candi de la cage de la reine ouvert 48h après avoir constitué la ruchette. Ce temps d’isolation en cave (ou en lieu clos parfaitement dans le noir) de l’essaim avec la reine est une différence importante avec les essaims faits sur cadres de couvain car dans ce dernier cas c’est l’essaim artificiel orphelin que l’on met en cave. Apiculteur lyon

Également la mise en cave, ou en lieu aveugle, de tout essaim naturel immédiatement après sa mise en ruchette est un gage de réussite notamment pour les essaims secondaires dotées d’une jeune reine car ils se sauvent souvent après l’enruchement. Cette claustration stabilise tout le monde. Il est nécessaire de nourrir immédiatement les essaims artificiels, les essaims naturels gorgés de miel n’en ont pas besoin. L’utilisation de cadres nourrisseurs est bien utile à ce moment là.

Bon courage pour une année apicole qui démarre mal.

Jean Riondet

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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