Si vous ne vous en étiez pas encore rendu compte, Noël approche, c’est le temps des fêtes et pourtant nombre d’apiculteurs ne sont pas à la fête.
Les stocks sont à zéro, des dépôts de bilan sont en cours, des commerçants réclament leurs commandes, jusqu’en mars la consommation de miel ira bon train.
Mais fournir est difficile, voire impossible. Ici où là des formes de solidarité apparaissent. Le GDSA69 a promis de fournir les médicaments apicoles aux cotisants MSA de 2014 au prix coûtant, histoire de compenser des aides qui n’existent pas. Maigre consolation mais geste amical en direction de ceux pour lesquels ces trois dernières années furent très difficiles.
Noël est aussi un moment d’espoir, gageons que l’apiculture à venir soit plus favorable.
Aethina Tumida
En Italie du sud plus de 100 foyers ont été détectés entre la Calabre et la Sicile. Les transhumants français, allemands qui allaient y passer l’hiver ou qui partaient y faire des miels d’agrumes sont-ils revenus avec le petit coléoptère dans leurs ruches ce printemps ou cet été ? Car, si officiellement 100 sites sont identifiés à ce jour, cela veut dire que le coléoptère s’y reproduit depuis plusieurs mois et pas seulement depuis le mois de septembre date de l’identification de l’infestation.
Une chose est certaine sa diffusion est inéluctable. Cette bestiole utilise plusieurs moyens pour se déplacer, le vol tout d’abord, les échanges d’abeilles ensuite, la transhumance, mais aussi les transports d’agrumes où elle se sent bien dans les fruits trop mûres. Autant d’occasions et de moyens pour la dissémination de ce coléoptère en Europe.
Les services de l’État, les DDPP, ont demandé aux adhérents des organismes sanitaires de déclarer les acquisitions d’essaims, de reines, de ruches et ruchettes en provenance de l’Italie. Des inspections sanitaires seront faites pour vérifier la présence ou non de ce parasite. Les destructions des colonies seront obligatoires, la désinfection du sol également pour détruire le plus possible de larves en cours de leur nymphose en terre.
Difficile devant cette invasion très probable de se souhaiter une bonne année !
Au rucher
C’est le temps du repos et de la fin du couvain. En principe on ne dérange plus les colonies. Mais …
Je n’oserai pas dire pour le 4ème mois consécutif de nourrir… c’est fondamental. Au 14 décembre les abeilles rentraient du pollen jaune orangé aux pattes, preuve qu’il y avait du couvain en élevage. Non par la couleur du pollen mais par la collecte du pollen elle-même. Le poids des ruches nous donne la mesure de l’état des lieux en interne. A 20k et plus en pesée arrière pour une Dadant 10c : ne plus intervenir; à moins surveiller l’évolution du poids tous les 15 jours; en dessous de 17 k apporter de la nourriture. Ce ne sont que des points de repère mais ils fonctionnent à peu près.
La nature est trompée par cette chaleur, la Ficaire printanière normalement en fleur plutôt fin mars était déjà en fleur en novembre, les chatons des noisetiers grossissent, du pollen s’en échappe, un collègue dont la femme est très sensibilisée à ce pollen me disait qu’elle commençait des crises d’allergie. Les prunelliers aussi laissaient de fleurs sortir.
Donc la surveillance nutritionnelle des colonies s’impose. Ne pas s’affoler à propos des mortalités qui commencent. Elles sont largement dues à des traitements anti-varroa trop tardifs ou insuffisants. La pression exceptionnelle cette année du parasite sur les colonies, fragilisées de surcroit par des couvain trop abondants, a eu raison de leur survie. D’ailleurs ces mortalités s’accompagnent de pillages, source d’interrogation de la part d’apiculteurs qui observent des activités intenses au trou de vol de certaines ruches et pas sur d’autres. Sur les ruches pillées les vols ressemblent à une intense activité normale, les abeilles ne sont pas particulièrement agressives contrairement au pillage provoqué par une fausse manip de l’apiculteur. Le calme des colonies voisines laisse augurer une situation de pillage.
Pour les zones enneigées, ne pas déranger les colonies sauf besoin urgent, placer une tuile, un cache sur la portière pour éviter que la luminosité ne fasse sortir les abeilles qui tomberaient engourdies par le froid. Elles sortiront si le soleil frappe les ruches et les réchauffent, les grappes se défont, les abeilles explorent leur ruche, sortent faire leurs besoins … le fort soleil les chauffe et elles peuvent supporter le froid durant quelques instants.
C’est le moment du débroussaillage des ruchers. Les tailles sévères des buissons, des ronces auraient eu un peu plus d’efficacité avant la descente de la sève dans les racines, certes, mais le travail au rucher fut important jusqu’alors sur les colonies. Ce nettoyage à un moment de moindre activité sera rapidement complété par des fauchage lors des repousses en mars / avril.
A l’atelier
Maintenant vient le temps de la préparation de la saison à venir. L’entretien des ruches des corps des hausses est au rendez vous. Passer les hausses de 9 à 8 cadres permet une bonne désoperculation des cadres par la surépaisseur des rayons que cela produit. Mais il faut suivre au départ les constructions qui parfois partent de travers. Dès que le nombre de hausses à extraire augmente, il est intéressant de faire le passage de 9 à 8 cadres.
Poser des poignées « caisse de munitions » sur les corps et les hausses est une commodité importante, porter une ruche à deux devient un jeu d’enfants et n’est pus galère.
Traiter les bois avec de l’huile de lin mélangée, à part égale, de l’essence de térébenthine et de l’alcool à bruler pour fluidifier au mieux l’huile et la rendre plus pénétrante dans le bois est une solution simple qui peut s’appliquer directement même sur les ruches en activité. L’odeur ne les incommode pas par le froid qui arrive, les caisses vides seront totalement inodores au printemps prochain.
Préparer le matériel d’élevage des reines : faire des reines devient un impératif pour s’accoutumer à travailler avec de bonnes colonies, car, même sans sélection drastique, toute colonie d’une jeune reine est en principe plus populeuse qu’une colonie dotée d’une reine âgée de plus de deux ans. Or, ce sera une condition pour résister le plus possible aux dégâts d’Aethina tumida.
Un procédé pour ne pas à avoir à faire des prélèvements de larves toujours délicats est le système développé par Karl Jenter en Allemagne et distribué en France par Lapi. Le système est un peu onéreux en investissement mais parfaitement efficace. Une fois la méthode maitrisée, la rapidité avec laquelle on produit des cycles d’élevage est impressionnante. C’est l’usage des reines ainsi produite qui devient un problème. S’offrir le système pour Noël est un beau cadeau.
Je revendrai sur le mode d’emploi.
Passez de Bonnes fêtes.
Jean Riondet
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