Décembre 2008 – C’est le mois de Noël

Je vous souhaite à tous de fêter dignement cette fin d’année et l’espérance d’une année 2009 humainement meilleure. Malheureusement l’inquiétude pour nombre de nos concitoyens touchés dans leur emploi ou dans leurs revenus est devenu leur seul horizon. Ce temps de Noël est aussi celui du rappel et de la manifestation de la solidarité. Celui du partage avec ceux que nous ne connaissons pas. Peut-on encore espérer ? Dans cette période de grande incertitude quel espoir face aux fatalismes économique ou écologique ? Si l’utopie perd son droit d’être affichée, alors le sens des actions que nous conduisons se perd. L’utopie solitaire s’appelle rêve, l’utopie en acte et collective s’appelle espérance. Ne vous privez pas de fêter cette fin d’année quelles que furent vos joies et surtout vos peines pour qu’une nouvelle soit porteuse d’espoir.

Le temps du syndicat

Décembre est souvent le mois des assemblées générales des syndicats. Si ce n’est le cas ce le sera plus tard dans cette froide période de l’année. Allez aux assemblées, pour rencontrer des apiculteurs mais aussi soutenir le moral des présidents, membres des bureaux, ceux de la coopérative et ceux du GDSA moins connus mais ôh combien nécessaires.
Tous ces bénévoles font un travail important pour la vitalité de l’apiculture. Parfois même une conférence anime l’après midi et les orateurs sont toujours intéressants. On ne perd pas son temps dans ces réunions.

Au rucher, peser les ruches

C’est le moment de commencer à peser les ruches tous les mois, le poids en déclin donne une indication de la vitalité de la colonie qui ne dort pas mais vit au ralenti consommant du miel en permanence pour tenir la chaleur.

L’évolution lente s’accélèrera en janvier et en février. Pour les ruches atteignant encore 19 kg rien n’est à faire, aujourd’hui, vers 17 kg en pesée arrière (le peson accroché à l’arrière, la ruche dotée d’un toit en tôle et reposant à l’aplomb de sa face avant), il faut mettre un pain de candi sur le trou du nourrisseur. Une colonie qui consommerait 3 k de sucre ainsi apporté d’ici fin mars est plutôt vigoureuse. Le toit sera de guingois si le paquet de sucre est épais, une hausse vide servira de rehausseur et sera comblée de film à bulle ou de journaux pour faire l’isolation.

Autre solution poser le film à bulle sur le paquet de sucre et poser le toit dessus. Le film débordant du toit sur toutes ses faces rendra le tout étanche aux courants d’air. Surveiller tout de même l’humidité car la colonie dégage beaucoup d’eau et il ne faudrait que celleci envahissant l’habitacle ne mette à mal les abeilles pour qui l’humidité est mortelle. Rien à craindre si le fond est grillagé. Autrement, sous le film à bulle l’excès d’humidité sera combattue en enlevant cette protection.

Dans les régions tièdes, lors d’hivers manquant de rigueur, on peut se hasarder à mettre ½ litre de sirop chaud fin janvier dans les couvre cadres nourrisseurs. Ce qui lance la ponte de la reine.


Cette intervention peut se faire à une condition, que la colonie soit puissante. On s’en aperçoit lors de l’ouverture des toits en tôle. Si on découvre des abeilles sur le couvre cadre et si y en posant la paume de la main on constate qu’il est tiède, c’est le signe d’une colonie abondante et vigoureuse.

Certains sur les couvres cadres nourrisseurs mettent du sucre cristallisé une ou deux louches et à peine un peu d’eau tiède dessus. Les abeilles qui viennent s’y promener auront tôt fait de consommer cette ressource.

Le traitement antivarroa à l’AO

Pour les partisans des traitements à l’Acide Oxalique (AO), le moment est venu de le faire. Ce traitement obtient une efficacité de 95 % dès lors qu’il n’y a plus de couvain. Mais les conditions d’emploi sont précises pour éviter les dégâts sur les abeilles.

L’AO, que l’on trouve également dans la nature, ne reste pas en résidu dans les cires ou le miel, son usage n’altérerait donc pas la qualité de nos productions. Il est peu dangereux pour les abeilles si les dosages et les conditions d’emploi sont respectés. Il est sans danger pour l’apiculteur si l’application est faite dans les règles de l’art.

Efficacité : la condition est que l’acide oxalique soit appliqué sur les colonies en l’absence du couvain, donc maintenant. Traitement de choc, c’est à dire ponctuel, l’AO est efficace contre les varroas accrochés aux abeilles et non sur les varroas enfermés dans les cellules du couvain. L’ouverture des ruches est possible à condition que la température extérieure soit supérieure à 7°c et par une belle journée ensoleillée.

– La pulvérisation sur chaque face des cadres habités d’abeilles. Selon Charrière et Imdorf, elle serait particulièrement bien tolérée par les abeilles. La dose est de 3 à 4 ml par face de cadre. Préparer 30 g d’AO dihydrate sous forme de poudre (désormais en vente dans la plus part des magasins spécialisés d’apiculture), dissous dans un litre d’eau. Cette solution est à préparer le jour de l’emploi car elle se décompose rapidement.

On utilise un pulvérisateur à main d’1l et on mesure en pulvérisant dans une éprouvette en plastique combien de coups de gâchette produisent entre 3 et 4 ml. La ruche est ouverte rapidement et la sortie des cadres habités d’abeilles plus la pulvérisation sur chaque face de 3 à 4 ml de produit ne prend guère plus de 5 minutes.

Cette méthode est délicate à appliquer vu l’agressivité des abeilles qui se manifeste à ce moment là. Elle peut être appliquée plusieurs fois.

– Le dégouttement est très facile à appliquer, mais semble moins bien supporté par les abeilles. On ne peut l’utiliser qu’une seule fois en hiver. On prépare une solution de 35 g d’AO dans un sirop 50/50 et on en répand 5 ml par inter-cadre où sont les abeilles de la grappe.
Pratiquement on achète chez le pharmacien des seringues de gavage de 60 ml, on les remplit de 50 ml de sirop tiède à 35°c et on les met dans une glacière avec un accumulateur de chaleur.
A chaque ouverture de ruche on verse 5ml (mesurés à l’aide des graduations de la seringue) entre les cadres où l’on voit des abeilles. L’opération est très rapide. L’idéal est d’avoir un lot de seringues toutes prêtes.

Précautions : toujours porter des gants en caoutchouc, des lunettes de protection, un masque pour éviter d’aspirer dans les poumons des gouttelettes d’acide. Bien respecter les doses selon la méthode employée.

Pour les possesseurs d’Internet se reporter à l’article paru en 2003 de Charrière et Imdorf du centre Suisse de recherches apicoles « un concept de lutte alternative contre varroa ».

http://www.alp.admin.ch/themen/00502/00515/00516/index.html?lang=fr

Technique : déplacer des ruches

Cette époque est favorable à la réorganisation des ruchers. Mais comment peut-on déplacer des ruches ? Qui l’a tenté sans précautions s’est fait attaquer, qui a déplacé ses ruches dans son rucher les a vues tourner autour de l’ancien emplacement.

Utilisons ces observations.
Justement, l’objectif peut être de perdre les butineuses, les plus agressives des abeilles de la colonie. En effet si on introduit une reine étrangère à la colonie, il est bon d’isoler la colonie nouvellement remèrée de plusieurs mètres dans le rucher. Les butineuses, ne retrouvant pas leur colonie, rentreront dans les colonies voisines. Gorgées de miel elles seront acceptées.

Mais si l’on ne souhaite pas perdre de butineuses, les essaims artificiels sont dans cette situation, car pauvres en abeilles on préservera celles que l’on a pu y mettre.
Or, les abeilles se repèrent à la vue par l’angle de leur ruche avec le soleil et par des grandes formes comme des alignement d’arbres, la courbure d’un ruisseau, des collines.
A cela s’ajoute, comme chez la plus part des insectes, l’influence des champs magnétiques du fait de la magnétite que le corps recèle. Ce sont ces paramètres qui seront importants pour les déplacements de ruches entre ruchers.

Tout d’abord premier principe général que l’on utilise facilement sur les ruchettes du fait de leur poids, passer deux nuits dans le noir et la fraîcheur d’une cave fait perdre à la plus part des butineuses leur sens de l’orientation.

Second principe, tout déplacement au-delà de 3 km perturbe gravement le sens de l’orientation des abeilles. Donc les pertes sont plus que minimes. C’est ce qui permet la transhumance l’été.

A moins de 3 km les déplacements sont possibles si une importante perturbation des repères visuels existe, un dénivelé de quelques dizaines de mètres, un changement important de l’environnement d’arbres, de bâtiments …

Toute l’année ces principes restent vrais.

Donc aujourd’hui, le froid étant là que fait-on ?
Il gèle toute la journée, on ne bouge pas vraiment. A la gelée du matin suivent quelques degrés au-dessus de zéro, on peut bouger les ruches.

Dans le rucher, pas de difficulté majeure, on déplace doucement, sans heurt les ruches, les abeilles sont serrées les unes contre les autres pour ne pas avoir froid, elles ne bougeront guère plus. Par précaution on peut fermer les portières.

Transporter les ruches dans sa voiture ou sur une remorque. Elles seront secouées et la grappe va se disloquer. Les abeilles vont tenter de sortir, la portière sera fermée.
Arrivé au lieu de transhumance, on pose les ruches sur leurs supports et quelques heures après on viendra ouvrir.

Si on craint d’oublier d’ouvrir les portières, fermer l’entrée d’un boudin de journal, les abeilles le déchireront, l’humidité l’affaissera, si par hasard on ne l’ôtait.

Deux précautions s’imposent lors des déplacements des ruches, bien fixer les plateaux de sol avec des attaches fiables, éviter absolument qu’un choc n’ouvre le couvre cadre. Sangler les colonies n’est alors pas inutile.

Et que se passe-t-il en cas de décrochage du plateau de sol par exemple ?
Pas grand chose en vérité. Il suffit d’attendre pour que tout le monde se remette au chaud, puis on remet la caisse en forme.

Plusieurs années de suite un guignol venait bousculer mes ruches et je les retrouvais sous la neige cul par dessus tête avec les rayons à l’air. Je les remettais en place, du sucre sur le trou du nourrisseur, et les plus fortes ont démarré en trombe au printemps.


Pourquoi ? Nos anciens « brouettaient » leurs paniers en janvier-février, leur faisant faire un tour de jardin en brouette. La grappe se disloquant, sa remise en ordre s’accompagnait d’une surconsommation de miel qui, du fait des échanges entre abeilles, lançait la ponte de la reine.

Bonnes fêtes !

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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