Juillet une fraîcheur un peu tardive

La pluie, les orages, ont apporté l’eau attendue depuis si longtemps pour redonner un peu de nectar. Mais bien des floraisons sont achevées, celles à venir seront la queue de la comète miel. L’année sera encore marquée au feutre noir.

Il sera compliqué de faire comprendre aux clients que le miel est rare. Il y a eu des fleurs de la chaleur et des fruits, alors pourquoi pas de miel ? Le vent puis la chaleur ont séché les fleurs. Les apiculteurs ne sont jamais contents ! Disent-ils. Hélas oui c’est la troisième année consécutive que les conditions météo appauvrissent la ressource en nectar, car le miel est le but visible de l’activité apicole.

En fait ce qui se sera produit et qui aura fait la fortune des marchands de matériels apicoles fut la production d’essaims naturels. Rupture de stocks sur les cadres, le prix de la cire s’envole. Jamais autant de caisses vendues en si peu de temps et des vocations d’apiculteurs de loisir en marche. Ruchers école à vos marques.

Le planning du mois

Récolter au plus vite, traiter contre varroa avec un produit d’ambiance (thymol, acide formique pour ceux qui, en connaissent parfaitement le maniement…), nourrir massivement au sirop concentré. Les abeilles ont ou vont avoir faim.

La cire

A ce propos, le manque de récolte appauvrit la ressource principale de la cire qu’est la désoperculation des cadres de miel. Les tout petits producteurs n’ont guère l’habitude de traiter leur cire pour la recycler. Mais ils achètent des cires gaufrées.

La ressource première vient à manquer compensée actuellement par des importations de cires asiatiques ou africaines. C’est à la fois bienheureux et dommage. Dommage qu’un circuit court, au bilan carbone faible, ne soit suffisant pour répondre à nos besoins.

Bienheureux, car cette cire d’importation principalement issue de ruches naturelles, d’espèces d’abeilles vivant sur un seul rayon, sont des colonies non traitées par des produits chimiques. Les cires sont d’une très grande pureté.

Nos cires de récupération recyclent les produits de traitement contre varroa, impossibles à éliminer. Malgré les efforts des ciriers pour acheter de la cire garantie exclusivement d’opercules par les apiculteurs, trop de cire de récupération sont  de qualité assez médiocre.

Peu à peu les produis se spécifient les cires pures opercules atteignent des prix exorbitants. L’adjonction de ces cires venues des pays d’Apis Cerana, Dorsata … abaisse la proportion des produits chimiques résiduels. Et pour faire hurler certains lecteurs en y ajoutant un traitement de cires gaufrées aux rayons gamma on obtient des produits parfaitement stériles. Ainsi on évite de recycler les spores de loques que les traitements classiques n’éliminent pas totalement tant elles sont résistantes à haute température.

Ce traitement aux rayons gamma est classique aux USA où les ruches vides d’abeilles, avec leurs rayons, peuvent être ainsi traitées en fin de saison. Une société spécialisée dans ce type de traitement pour les produits alimentaires, entre autres, m’a confirmé traiter des cires pour les apiculteurs.

Le traitement aux rayon gamma est le procédé de stérilisation de tous les matériels chirurgicaux à usage unique particulièrement en plastique. Sur les produits alimentaires une trentaine d’autorisations sont données en France (épices, oignons…) les altérations sur le produit sont très faibles, aucune radio activité résiduelle n’est possible, les micro organismes sont détruits, dont les spores, les formes les plus résistantes des bactéries, champignons…

Conclusion pratique

Avant que les apiculteurs amateurs ne portent leur cire dans les stations de ionisations (les poules auront des dents!) le travail essentiel est de produire de la cire. Ce sont les hausses équipées de deux cades de moins que le corps qui en permettent une abondante production.des rayons faciles a desoperculer

En désoperculant au ras du bois on obtient une forte quantité de cire issue de la surépaisseur produite par les abeilles. Elles amènent l’intervalle entre deux cadres à leur seule espace de passage. Cette manière de procéder a comme limite qu’il faut un peu surveiller la construction des rayons, cette grande largeur leur offrant la possibilité de construire de travers.

Après la désoperculation, le temps d’égouttage de la cire est plus long tant la quantité de miel qui tombe avec la cire est importante. mais le jeu en vaut la chandelle. Le regroupement d ‘apiculteurs se connaissant, développant les mêmes pratiques d’hygiène et de prévention des maladies, de suivie et d’éradication des colonies loqueuses en particulier, leur permet de faire traiter leur cire à façon, 100 kilos suffisent, mais il faut les réunir.

Ce sera pour l’année prochaine.

La propolis

Autre production facile à réussir et qui complète la gamme des produits de la ruche , la propolis. Cette gomme tirée des bourgeons des arbres sert aux abeilles à colmater, enduire, protéger leur habitacle. Riches de produits bactériostatiques la propolis a des vertus cicatrisantes, désinfectantes… elle est commercialisée en spray ou en gomme. Là où les arbres ne fournissent pas suffisamment de  cette ressource, les abeilles ramassent des matières molles, peintures en cours de  séchage, goudrons… je l’ai constaté de visu. La propolis est un produit non transformée par l’abeille elle a  uniquement les vertus de son origine.

Pour sa collecte on pose au sommet des cadres une grille en plastique épaisse mais aux mailles assez fines pour que les abeilles y viennent en boucher les trous : grille spéciale au format des ruches ou store d’égouttage pour fromages que l’on taille.

P1020264La grille, une fois colmatée par les abeilles, on la roule pour la mettre au congélateur. En quelques heures elle sera  durcie et cassante, en déroulant la grille elle tombe. C’est une propolis très pure. Celle que l’on gratte sur les cadres, les bords de la ruche contient des cires et des produits de traitement contre varroa. La production de la propolis se fait bien en début de saison et à partir de juillet. C’est une modeste production de 300g maximum par ruche et par an, mais bien utile. Certaines races du Caucase furent importées pour leur aptitude à collecter la propolis.

En particulier, l’apiculteur peut faire une décoction de cette propolis (congelée puis immédiatement) broyée dans de l’alcool de fruit. Décoction à saturation, que l’on ajoutera dans  la proportion de 5% aux sirops de nourrissement. C’est une vieille recette qui limite fortement le risque de Nosémose, semble-t-il.

Notre regretté ami Henri Renson de Belgique, m’avait rappelé son conseil sur l’adjonction de la propolis dans les sirops d’été et d’automne après les grandes mortalités d’il y a 10 ans que j’avais subies.

Je reste prudent sur l’efficacité tant nous manquons de données bien contrôlées sur ces pratiques, de comparatifs sur l’ensemble des compléments alimentaires qui nous sont proposés ou que nous suggérons. La réglementation sur les affichages des vertus sanitaires des produits alimentaires impose des niveaux de contrôles prohibitifs pour rentabiliser ces productions. Les informations scientifiques sont donc insuffisantes.

Nourrir

La récolte faite il est urgent de redonner aux abeilles de quoi amorcer ou achever les réserves pour l’hiver. On vient de leur envoler une partie. Le jeu va consister à produire ces réserves mais également à relancer la ponte de la reine qui entre dans une phase de déclin. Les floraisons sont quasiment achevées, les rentrées de nectar et de pollen sont faibles, les abeilles nourrices ne sont plus assez productrices de gelées royale. La diminution du couvain s’amorce et à terme celle de la population.

Or, il faut produire de l’abeille le plus tard possible afin d’avoir des populations jeunes pour la morte saison. Il y aura près de 5 mois de survie à assurer. Or la longévité des abeilles l’hiver tient à, leur inactivité juste après leur naissance. Ces abeille d’hiver ne font rien, pas d’entretien du couvain, pas de butinage, pas de concentration de nectar…

Pour préserver leur jeunesse il faut que les réserves soient faites le plus vite possible, que la ponte de la reine soit maintenue. Le rapport des surfaces entre couvain et miel sera de l’ordre de 1/3 ou 1/4 de couvain pour 2/3 ou 3/4 de miel et pollen en octobre.

Plus qu’à tout autre moment de l’année le sirop à distribuer doit être de qualité. Il ne doit contenir aucun résidu inutile aux abeilles qui resterait dans leur ampoule rectale durant les grands froids et qui provoquerait des lâchers de souillures dans la ruche avec toutes les spores des maladies. Le sucre doit être ultra digeste, fructose, trop onéreux, ou glucose saccharose dont les abeilles possèdent  tout l’attirail a hoc pour les digérer. Les sucres bon marché contiennent beaucoup trop de maltose, issu de l’inversion enzymatique des amidons de blé ou de maïs. Cette manière économique de produire du sucre donne des sirops plus lents à digérer par les abeilles et cette lente digestion est épuisante pour leur organisme. On se rend compte de la qualité diététique d’un sirop pour l’abeille lorsque la colonie continue à étirer des cires alors que l’on est en octobre !

Avec ces apports de sirops il est bon de donner des compléments alimentaires pour améliorer l’état sanitaire des colonies, les produits abondent.

Mais pour que la reconstitution des réserves soit efficace, il faut rapidement réduire le volume des ruches en partitionnant par enlèvement d’un ou deux cadres, voire plus si besoin. Il faut obliger les abeilles à remplir les cadres de miel sur la plus grande hauteur possible de manière à ce qu’au moment des grands froids elles disposent des grandes surfaces de miel où vivre et se nourrir. Sinon les réserves épuisées d’un coté de la ruche, la grappe par grand froid n’ira pas explorer ailleurs la présence de miel et l’on trouve des colonies mortes de faim en fin d’hiver alors que la ruche possédait encore du miel à l’opposé de là où est morte la grappe.

Le sirop à donner sera à la concentration 2/3 de sucre pour 1/3 d’eau il servira pour les réserves de miel et pour stimuler la ponte de la reine qui devra poursuivre son œuvre de reproductrice on donnera des sirops légers environ 40% de sucre pour 60% d’eau.

Quand le donner ?

Le lendemain de la récolte remplir les nourrisseurs couvre cadre, ras bord. Apporter jusqu’à 15 litres par ruche, le poids en pesée arrière approchera les 20 k minimum, on apporte du sirop concentré. Petit bémol, surveiller que la ponte de la reine reparte après la fin de ce nourrissement.

Si tel n’est pas le cas où le couvain jugé trop peu important, retirer une cadre de rive pas trop plein, ajouter un cadre bâti en milieu de couvain, puis nourrir par petites quantité de 500ml à 1l maximum tous les deux jours pour pousser la ponte de la reine. Ce sera un  sirop léger.

A cette époque nul risque d’essaimage.

Traiter contre varroa

N’oublier pas de traiter contre varroa, juillet et aout sont des mois fatidiques. Le couvain est en régression, tous les varroas disponibles sont sur les abeilles et non dans les cellules de couvain, ils les affaiblissent magistralement en leur pompant les prolines dont elles ont tant besoin pour la durée de leur vie et leur résistance aux maladies.

Suivre les conseils de votre association sanitaire locale. Le traitement de juillet aout pour faire baisser la pression des varroas sur les abeilles est un traitement d’ambiance par l’atmosphère de la ruche, il est sensible à tout un ensemble de contraintes : hygrométrie, température, volume de la ruche nombre des abeilles. Certaines années il est très performant d’autres nul. Il sera complété ultérieurement par des traitements sur la durée avec des molécules agissant par contact.

Mais partout tout n’est pas identique, selon les races, les lieux, les conduites, les pratiques biotechniques contre varroa… les infestations sont très variables. Au cours d’une visite sanitaire j’ai trouvé un rucher sur une friche industrielle, il n’est jamais traité, jamais nourri. Son propriétaire en tire une dizaine de kilos par an et par colonie. La mortalité hivernale n’est pas nulle mais jamais totale, les essaims naturels sont remis dans les ruches, … l’apiculteur est plus que satisfait de ce loisir peu productif mais suffisamment pour sa propre consommation, peu chronophage et peu encombrant.

N’hésitez pas à me faire part de vos questions ou suggestions, j’en ai besoin pour un nouveau projet. Autant qu’il réponde à vos attentes.

Jean RIONDET

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    Auteur Jean Riondet

    Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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