Ma première (tentation) visite

Hier dimanche 3 mars 2008, par un temps très beau et vraiment chaud j’ai ouvert deux ruches et deux ruchettes

Pour tous ceux qui sont en avance par rapport à nos régions encore fraiches et qui m’interrogent sur ce qu’ils doivent faire je vais leur faire part de mon premier retour au rucher.
J’ai visité quatre colonies hier dimanche par temps beau et chaud. Deux colonie de production et deux ruchette. Pas plus car ce n’était que pour voir. Or, une visite un tant soit peu importante provoque une chute brutale de température dans la colonie et les abeilles pour remettre en température les rayons et le couvain doivent consommer beaucoup d’énergie. La visite complète se fait en période vraiment chaude.

La colonie la plus forte a déjà occupé 6 cadres de couvain sur les 10, la plus faible (sur 4 cadres seulement) était bien populeuse et avait déjà 2 cadres de couvain et les ruchettes 5 cadres en sont déjà à 3 de couvain. L’alternance de couvain ouvert et de couvain fermé atteste de l’ancienneté de ce développement. Je n’ai perdu aucune ruche cet hiver ni aucune ruchette, seuls des nucléis trop petits n’ont pas résisté à la faim ! Comment affirmer cela quand je n’ai ouvert que 4 boites ? Toutes les autre sont encore lourdes, dotées d’une activité importante et les butineuses rentrent du pollen signe que le couvain est là.

Il me reste assez de reines en nucléis de l’an passé pour faire d’ici une quinzaine de jours des essaims artificiels par division de ces ruchettes bien pleines. Avec des reines fécondées, ces ruchettes ainsi divisées démarreront très vite. On pourra 50 jours plus tard refaire une division. Aura-ton des reines 2008 à ce moment là ? Ce n’est pas impossible si la chaleur alterne avec des périodes froides et humides, j’ai réalisé du picking le 1er avril il y a quelques années et cela avait très bien marché. Donc début mai j’avais des reines de l’année en ponte. Si cela se reproduit cette année, une ruchette devient ainsi deux en mars, 4 en début de mai, 6 en juillet. Seule contrainte surveiller très régulièrement le nourrissement pour éviter les famines préjudiciables à la ponte de la reine.

Hier, j’ai pu constater des cellules de bourdons occupées. Donc en fin de mois nous aurons des bourdons matures aptes à féconder des reines. Tout ceci pour dire à nos amis des pays plus doux que le nôtre que la saison des élevages et des essaims artificiels a commencé pour eux aussi. A chacun de juger de l’opportunité de les faire. Mais ne pas oublier que faire des essaims artificiels aujourd’hui est une garantie pour l’année prochaine sans doute (on conduit autant de ruchettes que de ruches de production pour faire des changements de reines chaque année) mais aussi pour cette année en cours, c’est à dire qu’en cas de décès accidentel d’une reine on a de quoi remèrer comme on dit. Une réunion est si facile à faire. En cas d’orphelinage imprévu d’une grosse colonie, une réunion s’impose car cette colonie n’a plus de nourrices pour accompagner la nouvelle reine dans sa ponte.

Face aux dépopulations dont on parle je pense que la fragilité des colonies dans un environnement devenu hostile aux insectes en général doit être compensée par des conduites très adaptées, plus que respectueuses de la santé des abeilles puisque les techniques agronomiques contemporaines les fragilisent. Pour contrer les mortalités hivernales mon credo m’a été enseigné par un sélectionneur Belge, Henri Renson : nourrir très tôt en début d’été pour produire les réserves d’hiver. Laisser les colonies tranquilles en septembre et octobre pour que ne soient présentes en fin d’été que des abeilles n’ayant jamais été sollicitées pour faire leurs réserves d’hiver.

Je rappelle que les abeilles nourrices qui passeront l’hiver et démarreront de manière certaine le couvain en fin d’hiver sont celles qui à l’automne n’auront pas travaillé, se sont gavées de protéines (pollen sous forme de pain des abeilles, cannibalisme en consommant 1/4 du couvain ouvert) et auront pu développer des corps gras -l’équivalent du foie chez l’homme- très importants dans leur corps. Leurs glandes hypopharyngiennes (productrices de gelée royale) se sont bloquées dans leur développement et seront aptes à fournir la gelée royale en abondance jusqu’à 6 mois plus tard.

Cette pratique pénalise tous ceux qui font des récoltes tardives (en septembre), donc ils doivent consacrer une partie de leur cheptel à ce type de récolte, quitte à courir le risque de leur disparition, une autre à la préservation de leur patrimoine de production. Voilà les dernières nouvelles du front. La pluie et le froid reviennent je ne sais si le week end prochain je pourrai aller en embêter d’autres !

Bonne semaine.

Jean RIONDET

Auteur Jean Riondet

Apiculteur de longue date, Jean Riondet est un passionné qui aime apprendre et transmettre. Parallèlement à l’entretien de ses ruches, il enseigne l’apiculture depuis plus de 35 ans dans la région lyonnaise. Auteur d’un premier ouvrage, Un rucher dans mon jardin (Nathan, 1995), il rédige depuis l'an 2000 diverses rubriques d'abord dans la revue Abeilles et fleurs, puis dans la revue L'abeille de France. Il anime le blog de conseils apicoles sur Beehoo. Ses ouvrages actuellement disponibles : L'apiculture mois par mois - Le Rucher durable - Installer un premier rucher - Élever ses reines, trois méthodes simples. Il participe activement au Groupement d'action sanitaire apicole du Rhône (GASAR) qui assure la formation continue des apiculteurs du Rhône https://gasarhone.fr/ Jean Riondet est chevalier dans l'ordre du Mérite agricole

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