Pluies et fraicheurs d’avril ont eu raison des miellées, la récolte n’est pas au rendez-vous. L’acacia débute, fera-t-il assez chaud pour en récolter ? A défaut de miel, les apiculteurs auront des essaims.
Bilan d’un mois frais
Selon les races et les nourrissements, les colonies ont continué à se développer, mais toutes n’ont pas amassé. Le pire arrive, des essaims en masse pour qui n’a pu suivre ses colonies.
Deux extrêmes dans mes ruchers, des Carnica qui se sont mises en position de préparation d’hivernage, ponte réduite, pas de constructions de cire, stagnation des colonies. En les nourrissant certaine se sont un peu agrandies et les plus rétives ont fait des cellules d’essaimage malgré la jeunesse de leurs reines. De lignées essaimeuses ? Peut-être.
Des Buckfast qui, sous l’influence du nourrissement ont continué leur ponte; leurs colonies explosent, mais les hausses sont quasi vides, et entre les deux sans doute des bâtardes, des hausses qui se sont remplies doucement, l’acacia arrive et elles accélèrent le rythme, certaines ont ciré tant et plus.
L’acacia démarre, les fleurs sont bien développées, mais le froid les tient fermées, la pluie des ces jours les font couler, les 19°c nécessaires à leur ouverture ne sont pas toujours atteints dans la journée, certaines fois la canicule s’installe et on voit les porteuses d’eau s’affairer. Espérons que les saints de glace ne maintiendront pas le froid trop longtemps. Sinon la seconde récolte sera en berne.
L’enseignement intéressant à tirer de cette année est l’aléa de notre intervention sur les colonies malgré des règles, des principes scrupuleusement respectés. Notre ambition d’apiculteur de produire du miel nous conduit à décaler le cycle de développement des colonies par rapport à celui des floraisons. En chaque lieu le cycle phénologique, c’est à dire de l’apparition des bourgeons, des fleurs puis des graines etc. des masses florifères varie de manière très sensible, c’est ce calendrier particulier des floraisons que l’apiculteur doit bien noter de manière à pousser le développement de ses colonies 40 jours avant la première phase de floraisons abondantes.
Sauf que cette année c’est raté, le développement des colonies arrive en plein froid, la nourriture venant à manquer elles sont essaimé ou nous avons dû les faire essaimer artificiellement.
Mais ce jeu du chat et de la souris est un des charmes de l’apiculture. La souris, c’est la nature.
Préparer les élevages des reines :
Encore quelques jours et les élevages de reines pourront commencer. Quelques précautions :
– nourrir la veille du greffage la souche dont on prélèvera les larves
– mettre 4 jours avant le greffage un cadre bâti vide, y déposer la reine, le flanquer de deux grilles à reines et secouer dessus des nourrices prises sur les cadres voisins, nourrir; on assure ainsi la ponte dans les heures qui suivent
– faire un starter ouvert de type Jos Guth
– le plus simple outil de greffage est un pinceau d’aquarelliste poil de Marte 000 noté aussi 3/0 – humecter les cellules plastiques avec un peu d’eau mélangée à de la gelée royale ou de l’eau pure, cette eau sera issue des ampoules d’eau stérile achetée chez le pharmacien ou d’eau de Volvic (très peu minéralisée) ou d’eau de pluie bouillie 10 minutes. les larves craignent davantage la dessiccation que le froid ! utiliser le pinceau ou un coton tige pour cela.
– utiliser de l’alcool à 60° pour stériliser les pinceau, cupules ….
– nourrir l’éleveuse lors de sa mise à l’écart pour compenser la perte des butineuses.
Élevage avec le Starter ouvert de Jos Guth :
1- Poser un plateau de sol 1 mètre en arrière d’une colonie puissante retenue pour la faire élever(ayant une hausse de miel bien remplie), orienter l’ouverture à l’opposé. Poser dessus le corps de la colonie, laisser en place le plateau de sol d’origine et poser dessus la hausse.
2 – Mettre sur cette hausse une grille à reine et une hausse vide pour faire entonnoir et secouer dessus tous les cadres de couvain de la colonie. Un volume considérable de nourrices sera dans la hausse elles se sentiront à l’étroit et seront alimentées par les butineuses. les cadres de cette hausse n’ayant aucun couvain cette population ne pourra s’occuper que des larves qu’on lui apportera.
3 – Remplacer deux cadres de miel par deux cadres équipées de 2 rangées de barrettes de 12 cellules plastiques dans lesquelles on aura greffé les larves de la souche choisie pour la reproduction. Poser le long des deux cadres des cellules greffées, on peut totaliser jusqu’à 80 cellules
4 – Ajouter dans le couvre cadre nourrisseur 250 g de miel cristallisé
5 – 24h plus tard les cellules acceptées ont une construction de cire de 10 mm au minimum, remplacer les cellules non prises par celles acceptées des cellules surnuméraires mises en périphérie, replacer les cadres d’élevage
6 – Ajouter sous cette hausse, une hausse de cadres cirés
7 – Si vous en disposer mettre les cellules en couveuse à J+5 recomposer la colonie à sa place originelle, sinon attendre
8 – 10 jours après le greffage, utiliser les cellules, le plus simple étant de les répartir dans des essaims artificiels faits de deux cadres de couvain fermé avec leurs abeilles et un cadre de miel et de mettre ces essaims en cave la veille, puis le lendemain de leur mettre deux cellules de reines.
9 – 2 jours plus tard vérifier les naissances, la cellule dont la reine est nées est celle qui a l’ouverture de sortie en bas, celle qui est refusée est rongée sur le coté.
10 – trois semaines environ après le greffage, vérifier la ponte de la reine, la chercher et la marquer. On réunit les nucléis orphelins.
Certes on sacrifie la production d’une colonie qui sera secouée par la perte des butineuses durant les 13 jours de l’élevage, mais la conduite est assez simple et la réussite assurée. Il faut un temps plutôt beau et chaud, l’élevage réussit d’autant mieux que la miellée est faible.
jean.riondet@gmail.com